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 une epreuve sous bonnes "escort"

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   Posté le 12-07-2005 à 13:12:43   Voir le profil de ROTHMANS (Offline)   Répondre à ce message   http://spaces.msn.com/members/rs1800gr4/   Envoyer un message privé à ROTHMANS   



Tout comme, pour certaines voitures et pour certains pilotes, il existe des épreuves dites "maudites" - rappelons-nous Jim Clark a Monaco! , il arrive aussi que de grandes batailles sportives soient particulièrement bénéfiques a certaines marques et a certains champions. Pareille osmose, Ford, avec ses Escort, ses "Britons" et ses Nordiques, en a fourni la preuve dix fois, dont huit consécutives dans les forêts anglaises

Quand, au début des années 60, dénonçant le pacte de non agression sportive qui liait plus ou moins les constructeurs américains, le géant Ford se décida, il n'entendait pas franchir le Rubicon pour y pêcher à la ligne...
Dans le cadre d'un TPP (Total Performance Programme), le deuxième constructeur mondial, pour donner sans doute quelque éclat au 75e anniversaire de la marque, s'investissait dans un assaut tous azimuts. Sur piste (Indianapolis avec Lotus, Le Mans en sport prototypes, la FI plus tard, toujours avec Lotus et la V8 Cosworth, en Transam, Nascar, sans oublier les différents championnats Tourisme) et aussi sur route, parle biais des rallyes les plus prestigieux du moment. Possédant la volonté et, bien sur, les budgets appropriés, pour Henry Ford II, tout n'était plus qu'une question d'organisation. Pour s'en tenir ici aux seuls efforts consentis en faveur des rallyes, relayant les grosses Falcon, les Lotus Cortina, déjà très efficaces sur piste surtout quand les blanches à bande verte étaient confiées à MM. Clark (Jim), G. Hill, J. Stewart ou J. Whitemore, se lancèrent les premières dans la bataille des grands chemins.
On reparlera du RAC 1966 avec la victoire de Bent Soderstrom mais, cette même saison, le solide pilote suédois s'était déjà imposé dans ledifficile Acropole, alors que le Belge Gilbert Staepelaere avait, lui, enlevé le rallye de Genève, épreuve ou, grâce à Henry Greder et à sa Falcon, le nom de Ford figurait déjà deux fois, en 1963 et 1964.
En fait, et à ne considérer que les épreuves qualificatives pour le championnat d'Europe des rallyes pour conducteurs, le premier grand exploit continental de la Ford Cortina Lotus remontait à la Coupe des Alpes 1964, avec Vic Elford, lauréat de la catégorie Tourisme. Trois ans plus tard, c'est encore Soderstrom qui, vainqeur, entre autres perforances, du, rallye
de Suede, devait decrocher le titre europeen en Tourisme Groupe II.

Taylor avait vu juste... !

Cela dit, arriva bien le jour où, face aux ambitions de Porsche, aux Mini Cooper toujours aussi turbulentes, aux Alfa Romeo, BMW, Lancia, Saab et Alpine, la brave Cortina Lotus accusa son âge et ses limites. Un choix s'imposait à l'heure où, dans la production commerciale de Ford GB, la génération des Anglia s'apprêtait à céder le pas à la nouvelle gamme Escort, voiture initiale¬ment prévue en version 1100 et 1300 GT. C'est alors que, soutenu par ses collaborateurs directs tels Bill Mead, responsable technique des rallyes ou Peter Ashcroft, plus spécialisé dans les problèmes de motorisation, Henry Taylor, l'ex¬pilote FI qui dirigeait le service compétition de Ford Grande-Bretagne eut LA bonne idée!
Pourquoi, en effet, ne pas tenter de greffer le 4 cylindres double arbre de la Cortina Lotus MKII dans une caisse d'Escort? Apparemment, l'Escort n'avait rien d'un foudre de guerre: voiture de série 4/5 places, moteur avant et propulsion, pont arrière rigide, ressorts à lames etc., elle apparais¬sait certes ultra traditionnelle, voire désuète comparée aux tenantes du moteur arrière (Porsche, Alpine) ou à la génération des agiles tractions avant du type Lancia Fulvia, Mini Cooper, bien sur, et Saab V 4. Mais Taylor avait l'œil! Il fondait son raisonnement sur trois critères majeurs: d'abord, il serait toujours possible de pallier les plus graves défauts inhérents à une architecture classique (on l'avait déjà fait en matière de supension, sur les Cortina Lotus). Ensuite, le rythme même des rallyes modernes bannissant toute velléité de sophistication mécanique, la simplicité de construction, d'exploitation et d'assistance pouvaient se révéler des vertus primordiales. Enfin, la nouvelle Escort n'était-elle pas, tout à la fois plus courte, moins large et aussi plus légère que son aÎnée la Cortina Lotus? Pour peu que le 4 cylindres Twin Cam, travaillé par Harry Mundy, forcément plus encombrant que le moteur de série, soit logeable dans le compartiment avant de la nouveauté, l'adaptation valait d'être tentée. Après accord des autorités responsables, dont celui de l'enthousiaste Walter Hayes, deus ex machina du département Ford Compétition, le projet fut finalisé sous la référence J25. Ce code disait tout simplement que le feu vert avait été accordé le 25 janvier. Durant l'été 1967, le premier prototype de l'Escort TC était concrétisé et présenté à qui de droit... Pour la petite histoire, rappelons que ce jour-là une défaillance de la direction avait plus que sérieusement cabossé la voiture présentée par John Rule. Il ne s'agissait là que d'un contretemps accidentel, événement fâcheux mais bien incapable de remettre en cause les objectifs de Taylor et de sa troupe, fort accaparés déjà à parfaire la construction des vingt-cinq premières Escort Spéciales.

Une véritable "Tous Terrains"

Le 18 janvier 1968, pendant que les visiteurs du Salon de Bruxelles découvraient la nouvelle gamme Escort, soit la 1100, la 1 300 GT et aussi une 1 600 TC non encore homologuée,
il y avait longtemps déjà que des essais d'endurance avaient été programmés près des ateliers
de Boreham à Bagshot, sur un terrain militaire plus habitué à voir évoluer des blindés que des
voitures de course, en Belgique aussi, bref sur des pistes ou des chemins sinon montants ou sablonneux, en tout cas fort malaisés...
Autre bonne initiative de Henry Taylor, il avait réussi à convaincre son compatriote Roger
Clark d'abandonner Rover pour prendre chez Ford le titre n° 1 de pilote essayeur. C'est
d'ailleurs ce Clark-là qui, le 3 février 1968, avec ses équipiers Berry Lee et Tony Chappell, baptisait officiellement la 1 600 TC en participant victorieusement à un rallycross organisé à Croft.
Le 4 cylindres 1 594 cm3, à culasse double arbre entraÎné par chaÎne et alimenté par deux
carburateurs double corps, produit alors 140 ch à 8000 t/m. Avec Taylor, Mead, Barnett et Ashcroft, Roger Clark estime que la puissance est,pour l'instant, suffisante, ajoutant avoir été
étonné par la maniabilité de la nouvelle voiture. Ce ne sera pourtant pas Clark qui, au niveau
international s'entend, sera le premier pilote à en administrer la preuve. Les mille exemplaires
nécessaires à une première homologation (en Gr. III) étant officialisés à compter du 1 er !Vars
1968, du 6 au 10 mars suivant, c'est le Suédois Ove Andersson, flanqué du journaliste navigateur John Davenport, qui guidera les premiers pas de la nouveauté sur le continent, en la circonstance, dans le rallye San Remo appelé encore rallye des Fleurs. Son talent naturel s'ajoutant à une bonne connaissance des routes de la Riviera
italienne, Andersson, malgré quelques soucis de suspension, réussira à arracher une belle et très prometteuse médaille de bronze. Si la Porsche 911 T de Toivonen (Pauli, le père) et la Lancia! Fulvia 1300 HF de Mme Carlsson (née Pat Moss), ont précédé l'Escort, notre débutante conventionnelle devance tout de même une meute d'autres Fulvia, les Berlinette Alpine 1300 S de Vinatier, Piot et aussi la Porsche 911 S du local Taramazzo.
Ce 9 mars 1968, une grande aventure a commencé qui, à travers les neiges scandinaves, leslandes écossaises, la savane et les fondrières du Kenya, la poussière de l'Acropole et tous ces lacs par milliers, ne se terminera que quinze ans plus
tard. On s'en tiendra aujourd'hui aux chemins forestiers de Sa très gracieuse Majesté... !

En guise de preface

Avant que les Escort ne monopolisent les podiums, sans oublier les victoires de Groupe décrochées en 193B par D. Loader puis, en 1952, par W.S. White, ni
négliger le prix par équipe recompensant les Cortina Lotus de Elford, Seigle Morris et H. Taylor, en 1964, par deux fois déja, les Ford britanniques s'étaient
imposées au classement scratch.

1959: Ford Zephyr 6 cyl., 2262 cm3, n° 66, plaque 155 L VX, Gerry Burgess-Sam Croft Pearson

A la veille d'opérer sa mutation, une evolution que l'on doit principalement a Jack Kemsley, garagiste préparateur et ancien concurrent, le rallye 1959 peut etre déja considéré comme une épreuve de transition. Finies les espérances printanieres, voila le RAC reporté a la fin novembre, avec départ a Blackpool et arrivée jugée a Londres-Crystal Palace. Pas question, evidemment, de voir les routes royales servir de décor a quelque spéciale mais on compte sur l'hiver pour durcir toujours plus l'épreuve. Le ciel, surtout l'écossais, ira au dela des vœux de tous... Tout la-haut, du cOté de Braemar, la ou est installé un controle de passage, l'itinéraire est, la police l'affirme, bloqué par la neige. Si certains concurrents décident de rallier le contrOle suivant, seize équipages s'obstinent. Parmi ces volontaires se trouvent Burgess et sa Zephyr qui, avec l'aide d'un bon équipier et d'une bonne carte, pointent quand meme a Braemar. La victoire lui est assurée mais contestée par beaucoup des partisans de la facilité. M. Stuart Turner (futur patron de la grande équipe Ford mais, pour l'instant, équipier de W. Levy et manager de l'équipe DKW Auto Union) dépose une réclamation tendant a faire annuler le fameux contrOle injoignable. Le classement général sera suspendu jusqu'a ce que la FIA, instance supreme, donne raison aux organisateurs du RAC et officialise la victoire de la Zephyr. Meme si, par équipe, avec notamment l'aide d'Annie Soisbault, Standard Triumph s'est imposé, Ford cumule les honneurs. Ann Hall et sa petite Anglia ont enlevé, devant la Morris Minor de Pat Moss, la Coupe des Dames. Rappelons que, six ans plus tOt, avec Gatsonides, une Zephyr avait gagné le Monte-Carlo.


1966 : ford cortina lotus, 4 cyl., 1588, n°11,NVC239C, bengt soderstorn-gunnar palm

Le RAC est devenu, maintenant, le vrai rallye moderne que l'on connaÎt. En réussissant Il convaincre l'armée, les Eaux et Forets et aussi les propriétaires des grands domaines forestiers, Kemsley et ses amis ont donné Il leur épreuve sa forme et ses structures définitives. Sur plus de 3000 km Il couvrir, pas moins de soixante-trois épreuves spéciales (parcs, circuits, tous terrains, etc.) sont proposees aux cent quarante-quatre concurrents libérés a Londres par le drapeau d'un starter qui s'appelle Jack Brabham... Le Sun patronne l'épreuve et, dans la perspective de voir les champions du monde Jim Clark et Graham Hill se meler aux routiers, radios et télévisions n'ont pas lésiné sur les moyens. Tous, spectateurs compris, seront récompensés. Aux équipes officielles locales (BMC, Ford, Rover, Triumph, Sunbeam) s'ajoutent les Volvo, Saab, Lancia, Opel VW et meme une équipe Renault Gordini, engagée par Renault Suede. Malgré l'intensité d'une bataille déclenchée par la Cortina Lotus de Roger Clark, a mi-parcours, on voit mal qui pourrait contester la domination d'une Cooper S pilotée par Makinen. Sur les quarante-cinq spéciales déja disputées, le grand Timo en a enlevé vingt-six et son avance sur Soderstrom, son suivant, se chiffre a plus de 6 minutes. Une canalisation d'huile rompue et tout, soudain, bascule. Bientot débarrassé de la menace Lindberg (R8 Gordini, transmission out), Soderstrom pourra dignement feter ses 35 ans. Il n'a enlevé que six épreuves mais fut régulierement (Makinen paraissant hors concours) au contact de ses rivaux. Non seulement, il a hissé sur le podium la seule Cortina Lotus officielle rescapée (elle était aussi la seule a conduite a gauche) mais il a devancé trois anciens vainqueurs soit, dans l'ordre "Sputnik" Kallstrom (Cooper S), Trana (V olvo 132 S) et Aaltonen (Mini Cooper lui aussi). Pour la septieme fois consécutive et la sixieme depuis que le RAC parcourt les forets,
la victoire est revenue a un nordique. Quant a nos champions FI, si G. Hill qui était trente-neuvieme avant son abandon, ne montra qu'un gout modéré pour la spécialité, Jim Clark (nOB ci-contre) eut le temps de siderer les spécialistes. Non seulement l'Ecossais enlevait trois spéciales et les trois fois devant la Cortina sœur de Vic Elford, mais, presque Il mi-course, il occupait la sixieme position au scratch. Une crevaison, un dur contact avec le rocher et un atterrissage dans une futaie écossaise mettaient fin a l'exhibition. La bataille avait été si dure qu'aucune marque ne pouvait revendiquer le prix par équipe. Semi consolation pour l'Angleterre et pour Eric Carlsson, la Saab Sport de Pat Moss Carlsson, neuvieme au scratch, avait, in extremis, ravi (c'était sa septieme) la Coupe des Dames a la Renault Gordini l 300 de la Suedoise Sylvia Osterberg. Enfin, a parcourir attentivement le classement, on s'apercevait que la douzieme place était occupee par une VW l 600 TL conduite par un grand blond au nom presque imprononçable: Bjorn Waldegaard



1972 : Ford Escort RS 1600, 4 cyl., 1 994 cm3, n° 4, L VX 942 J Ra er Clark-Ton Masan


Il n'y a pas que les arbres qui aient grandi dans les futaies anglaises. Depuis la victoire de Soderstrom et de sa Cortina, beaucoup de choses ont changé.
Prélude a la naissance d'un véritable championnat du monde des rallyes pour marques, un championnat international a été créé des 1970. Naturellement, le RAC, si souvent décisif par sa position au calendrier dans l'attribution des titres, est passé de l'échelon européen au niveau mondial. Nullement genés pour trouver le sponsor de poids (au Dailay Telegraph, au Sun, puis au Daily Express a succédé depuis 1969 le Daily Mirror), les organisateurs peuvent fignoler leur travail. En 1968, par exemple, sur plus de 3500 km, on ne compte pas moins de 640 km, soit quatre-vingt onze épreuves, alternant circuits et forets.

1968, ce fut aussi, on l'a vu, l'année de naissance de l'Escort. La nouveauté en est maintenant a sa cinquieme saison d'exercice. Si l'enveloppe n'a pas radicalement changé, cylindrée et puissance n'ont cessé d'evoluer. Et le palmares s'est alourdi. Sans compter les épreuves secondaires, du rallye d'Irlande enlevé par Roger Clark au début d'avril 1968 jusqu'a la veille du départ du RAC 1972, les 1600 TC, devenues TC 1800, RS 1600 a moteur 1800, puis a moteur 21, ont accumulé trente-quatre victoires dont Ford est redevable aux deux tiers a MM. Clark, Mikkola et Staepelaere. Points d'orgue a cette moisson, en 1970, dans l'interminable rallye-raid Wembley-Mexico, Hannu Mikkola a fait gagner une Escort a moteur 1 850 a culbuteurs et, en 1972, ce meme Mikkola, au volant cette fois d'une RS 1600/1800, fut le premier pilote européen a enlever le Safari kenyan.

Et le RAC dans tout cela? Franchement, l'apprentissage s'est revélé difficile. Sur les douze Escort usine engagées de 68 a 71, si 50 % de l'effectif fut classé, aucune des deux TC et des quatre RS rescapées n'a pu s'offrir un podium. La encore, c'est Mikkola, quatrieme en 1971, qui obtint le meilleur résultat.

En 1972, enfin, tout va changer! Sur les quatre Escort en lice, deux, pour Clark et Makinen, sont équipées de moteurs 2 1 et Clark dispose meme d'un bloc en alliage léger (culasse 16 soupapes) donné pour 230/235 ch. Mikkola et Cowan s'en tiennent aux versions RS 1600/1 800, a priori plus éprouvées. Trois des quatre voitures renonceront mais, malgré la pression permanente de la Saab de Blomqvist, Clark a controlé quasiment l'épreuve de bout en bout. A York, a la mi-temps, la n° 4 possédait 1'30" d'avance sur la Saab. À l'arrivée et malgré la neige, Clark aura porté son capital a 3'25". Derriere Roger et Stig, l'Opel Ascona 1900 de Kullang a barré la route du podium aux Lancia Fulvia des anciens vainqueurs Kallstrom et Lampinen.

Le Royaume-Uni peut applaudir son vainqueur! L'Escort est la seule voiture britannique a figurer
parmi les dix premieres et Clark le seul "Briton" classé devant neuf Nordiques. Treize ans apres, Burgess a enfin trouvé un successeur et l'Escort vient d'amorcer son incroyable série...



1973 : Ford Escort RS 1600, 4 cyI., 1977 cm3, n° 13, 00098 M, Timo Makinen-Henry Liddon

Bien que le tout premier titre mondial soit déja acquis par les Alpine Renault, victorieuses aux Monte-Carlo, Portugal, Maroc, Acropole et San Remo, ce verdict que les Berlinette bleues confirmeront bientot en Corse, n'a pas empeche le Gotha du rallye (191 partants) de se donner rendez-vous au départ de York. Encore patronné par le Daily Mirror, le programme s'annonce consistant: 3000 km de route, trois étapes, cinq jours et deux nuits au volant; c'est tout juste si, pour répondre aux vœux d'un gouvernement lui aussi victime du premier choc pétrolier, les organisateurs ont daigné rogner un peu sur le kilométrage et supprimer, d'entrée, dix épreuves. Il en reste tout de meme plus de soixante-dix!
Pour défendre le titre, Stuart Turner a sorti le grand jeu. Sans compter les Ford des clients, plus ou moins assistées, sept Escort ont été officiellement engagées: six RS 1600 a moteur 21 et une "Mexico" confiée a Son Altesse le Duc de Kent. Coté pilotes professionnels, au trio majeur Clark, Mikkola, Makinen, s'ajoute le Kenyan Vic Preston et ces deux "plus qu'espoirs" que sont le local Russell Brookes et un Nieme nordique Marku Alen. Au mois d'aout précedent, lors des 1 000 Lacs, ce
Finlandais de 23 ans qui avait débuté cinq ans plus tot sur R8 Gordini, en étonna plus d'un en plaçant sa grosse V olvo 142 S entre la Ford Escort de Makinen et la Porsche Carrera du pistard routier Leo Kinnunen. C'est d'ailleurs aux 1000 Lacs que Makinen, déja vainqueur en début d'année a l'Arctic Rally, prit une option quasi définitive sur le titre national finlandais. Timo tient la grande forme et, apparemment, son n° 13 ne l'émeut guere. Le temps d'oublier quelques péripéties routinieres (crevaisons) et sans laisser l'opposition s'organiser, il a pris les devants. A la fin de la premiere étape, la 13 possede 3'33" d'avance sur l'inattendue BMW 2002 TI d'un Waldegaard transcendant et plus de 5' sur l'Escort de Roger Clark, handicapé il est vrai par une grippe contractée, non pas dans le brouillard anglais mais lors de vacances passées aux Seychelles!. .. Le bonus acquis et maintenu permettra finalement a Makinen de régler sereinement quelques problemes d'amortisseurs et de carburation, de résister aussi aux ultimes assauts d'un Clark presque guéri et d'un tout fougueux Alen revenu apres sortie de route, de la cent soixante-dix-septieme... a la troisieme place! Ni Mikkola, ni Blomqvist, ni Therrier, ni Pat Moss (Alpine elle aussi), ni Greder, ni Marie-Claude Beaumont ne figureront au classement et c'est la Volvo 142 S de Walfridsson qui pourra prétendre au rang de premiere "non Ford" devant l'Alpine Renault 1800 S de J.-P. Nicolas, vainqueur de deux spéciales et leader en groupe IV, l'Ope! Ascona du cadet des Blomqvist et la BMW d'un Waldegaard piégé in extremis par le verglas du Yorkshire. Cerise sur le pudding, dans l'histoire moderne du rallye, c'est la premiere fois qu'une meme marque et un meme type d'auto se sont offert le tierce!




1974: Ford Escort RS 1600, 4 cyI., 1977 cm3, n01, GVX 883 N, Timo Makinen-Henry Liddon


Si le tout jeune championnat du monde routier a risque d'etre ébranlé par l'annulation d'épreuves importantes (Monte-Carlo, Suede, Autriche,
Acropole), le RAC, septieme des huit rallyes inscrits, est resté fidele au calendrier. Fidele et presque inchangé, avec toujours a partir de York, un prologue puis deux étapes, soit 3500 km et soixante spéciales a parcours toujours dits secrets. Deux nouveautés, tout de meme: coté intendance, relayant la presse, une banque, la Lombard, assure le premier de ses nombreux patronages. COté' materiel, homologuée le 1er octobre, déja victorieuse le 5 au San Remo, puis le 20 au Rideau Lakes Canadien, la Lancia Stratos qui échoua certes au P.O.R américain, est présente, conduite par son pilote mascotte, Sandro Munari. Avec encore les coupés Beta de Lampinen et Ballestrieri, Landa joue meme le titre mondial face aux amis de la Fiat. Tout a la préparation du Tour de Corse, Alpine ne s'est pas déplacée mais, outre les sœurs ennemies latines, les bonnes RS 1 600 (Makinen, Mikkola, Clark, Alen, Coleman etc.) devront se méfier des Saab, d'une nuée d'Ope! Ascona et d'un contingent japonais alimenté par Toyota et Datsun. Sur les cent quatre-vingt quatorze concurrents au départ, quatre-vingt trois, avec plus ou moins de bonheur, parviendront a vaincre la panoplie complete des difficultés hivernales. Des la sixieme épreuve, si Munari a débordé Mikkola et si, derriere l'Italien, Alen et Clark mettent la pression, Makinen a donné l'impression de vouloir compter les coups. La tactique était bonne puisque apres la disparition de Mikkola (roue perdue), les 12' de pénalisation frappant Clark (sortie de route) et la surchauffe moteur dont est victime Alen, Timo exploitant le léger fléchissement d'un Munari victime d'une intoxication alimentaire, a pris nettement les devants. Et nous n'en sommes qu'a la demi-premiere étape. ... Derriere la Ford "Colibri" (une marque de briquets), Blomqvist et sa Saab auront beau accumuler les acrobaties (tonneaux compris), le Suedois ne parviendra qu'a devancer la Stratos. Personne ne pourra jamais empecher Makinen de justifier son n° 1 L. Témoignage de l'intensité permanente de la lutte, derriere Ford, Saab et Lancia, trois marques tout aussi différentes occuperont les places d'honneur: Toyota avec Waldegaard, Opel grace a Rhorl et Volvo toujours avec Walfridsson.
Sur les deux autres Escort rescapées, Clark et Coleman ont du se contenter des sept et huitieme places. Par marque, Datsum l'emporte sur Fiat et la Coupe des Dames est, inévitablement, allée a la Toyota Corolla de Mme Pat Carlsson


1975: Ford Escort RS 1800, n01, LAR 801 P Timo Makinen-Henry Liddon


Les grandes classiques ont repris leur place au calendrier d'un championnat mondial qui, entamé a Monte-Carlo par la vidoire du binôme Munari¬Stratos, s'achevera a York, une fois encore, plaque. tournante du RAC. En un an, les transferts pilotes sont allés bon train. Blomqvist et Eklund, certes,sont restés fideles a Saab mais, chez Lancia, Munari va faire équipe (!) avec Waldegaard et, chez Fiat, on a accueilli deux ex-Fordmen, Alen et Mikkola, vus épisodiquement, Marku chez Datsun, et Hannu chez Peugeot puis au RAC chez Toyota. C'est d'ailleurs au volant d'une Corolla que Mikkola s'est offert sa cinquieme vidoire aux 1 000 Lacs devant la Saab de Lampinen et la Ford Escort de Makinen. Chez Ford, en dénichant un jeune Finlandais aventureux qui s'appelle Ari Vatanen, Peter Ashcroft pense aiguillonner ses vedettes: Makinen, Clark, Coleman, Russell Brookes, ]. Taylor etc.

Autre modification, la RS 1800 a remplacé la 1600. Le 21 (16 soupapes) fournit plus de 235 chevaux, les suspensions ont encore été améliorées mais l'aspect général a changé. Finies les formes potelées des TC et RS 1600, la nouvelle carrosserie parait franchement anguleuse et toujours plus compacte. L'augmentation des surfaces vitrées constitue, Clark dixit, un "énorme avantage"... A York, a la veille d'affronter les soixante-douze épreuves, la météo s'annonce épouvantable. C'est le verglas qui portera d'abord la responsabilité des coupes claires effectuées parmi les deux cent soixante seize concurrents. Au premier retour a la base, Mikkola, Anderson, Karlstrom ont déja disparu. Munari est attardé et la Stratos de Waldegaard mene avec 26" d'avance sur Makinen, plus d'une minute sur Blomqvist, Vatanen et Clark. Ce n'est la que hors d'œuvre: Waldegaard qui a laissé son capot arriere sur un talus casse sa transmission, noie son moteur et se retrouve en cent-quarantieme position.
Revenu a la deuxieme place, Clark est trahi par sa suspension. Blomqvist, malgré un tonneau, le remplace et trente-six épreuves restent a courir! Makinen, lui, se promene. .. Dans les forets, on se passionne pour la remontée de Waldegaard qui, bien que se sachant hors délai, poursuit sa route avec la bénédiction officielle. En trois spéciales, il a déja repris quarante-cinq places et, a l'heure de sa disqualification, on l'a retrouvé officieusement au septieme rang. Makinen n'est pas a l'abri: une double crevaison a mis son Escort a la portée d'un Blomqvist qui, finalement, laissera son moteur dans l'aventure. Avec Clark et Fowkes dans ses roues, Makinen a réussi son "hatrick" et seule, l'Opel Kadett GTE de Tony Pond, quatrieme, a empeché Ford de monopoliser les six premieres places.
[img=http://img347.imageshack.us/img347/5342/rac75makinen227hc.jpg]

1976: Ford Escort RS 1800, n° 6, P 00505 R, Roger Clark-Stuart Pegg

Ville d'eau (ce qui, ici, est un pléonasme), Bath succede a York. Quatre jours de course (2800 km de route), soixante-seize épreuves, le menu est toujours aussi consistant. Du sud, il faudra d'abord aller friJ/er la frontiere écossaise, redescendre par les forets, les lacs, avant d'excursionner dans les landes galloises. Au championnat mondial, les jeux sont faits. La Stratos fut encore la reine mais il n'empeche que tout ce que le rallye compte de VIP (V el)' important pilots) est la, meme si, en dehors des amateurs habituels, la France ne peut compter que sur l'Alpine 310-1800 de Ragnotti et la Toyota de Jean-Luc Thérier. Meme Lancia et Munari, tout couronnés qu'ils fussent, sont présents. Mais, au lendemain d'un San Remo orageux, Waldegaard a quitté la Stratos pour découvrir en trois petites heures d'entrainement la Ford Escort. Au sein de l'équipe officielle, le Suédois retrouve Makinen, Clark, Vatanen, Russell Brookes et Penti Airikkala. Des le départ, . Vatanen déclenche la foudre mais tout se complique chez Ford. Trop euphorique, semble-t¬i~ Makinen, avant d'abandonner sur bris de transmission, a effectué un double tonneau dans une épreuve qui, plus tard, sera tout bonnement annulée... Quant a Mikkola, il n'est pas encore parvenu a vaincre les sortileges qui, ponctuellement, l'accablent ici. Et voila soudain que, Vatanen, premier leader, connait des ennuis. Penti Airikkala bondit, c'est le mot, au commandement. Ce colosse semble effectuer le rallye de sa vie... 11 restera inaccessible de la onzieme a la cinquante-sixieme épreuve. En fait, seul Pond et sa Triumph TR 7 réussiront, pour un temps, a maintenir le contact avec la Ford Avon.

Tous les autres, Clark, Munari, Blomqvist et sa nouvelle Saab 99 EMS, ont été distancés. Hélas, le moteur ou la transmission de la Ford leader redonnera brutalement espoir aux attardés. .. Deuxieme sprinter du lot, Roger Clark décrochera une deuxieme victoire que B/omqvist, accablé par plusieurs crevaisons, ne pourra plus lui disputer. Derriere eux, Waldegaard, l'apprenti, peut apprécier la médaille de bronze qu'il a chipée a Munari. Bjorn a pris gout a l'Escort...

[img=http://img347.imageshack.us/img347/1929/rac76clark4dj.jpg]

1977: Ford Escort RS 1800, n° 5, WTW 567 S, Bjorn Waldegaard-Hans Thorszelius

Meme si les cent qutre-vingts concurrents internationaux se sont élances de Wembley, York constitue toujours la charniere d'une épreuve longue de 4800 km, tronçonnée en trois étapes et truffée de soixante-huit épreuves., Une fois encore, le titre est joué: Fiat avec cinq victoires majeures (Portugal, Pacific, Québec, San Remo et Corse) a succédé a Lancia. Chez Ford, apres les trois sucees (Waldegaard au Safari et Acropole et HamalJinen aux 1000 Lacs), on peut toujours regretter qu'un budget trop restreint ait empêché les Escort de contrarier plus souvent les Fiat 131 Abarth. Mais, pour les Anglais, une victoire au RAC vaut presqu'un titre et on y croit, malgré le passage de Airakkala chez Vaux hall, le semi départ de Makinen et les ambitions déclarées de
MM. Mikkola, Thérier (Toyota), Pond (Triumph), Rohrl (Opel), Blomqvist et Ecklund (Saab), Alen, Verini, Salon en, Lampinen (Fiat), Munari,Coleman (Stratos), voire Ragnotti et Nicolas au volant des petites R 5 Alpine 135 chevaux. Cette coalition, Bjorn Waldegaard, parfaitement acclimaté ala RS 1800, ne s'en fait pas, lui le modeste, une montagne... « la montée sur York servira a nous dégourdir mais j'attaquerai vraiment des l'amorce de la descente vers le Pays de Galles ». C'était dit, ce fut fait! Pointé a 8" de Mikkola, premier leader et a 4" seulement d'Airakkala, le Suédois, dans la seule quatorzieme épreuve, prenait, sur 9,600 km, plus de 20 a 36" sur ses adversaires directs. Leader de la deuxieme étape, avec 43" d'écart sur Mikkola, Waldegaard, al' arrivée avait porté son capital a 2'33" sur Hannu, plus de JO' sur Brookes et presque 15' sur Clark. Vingt-cinq fois vainqueur en spéciales, Bjorn, pour sa douzieme participation ici, n'avait pas volé un sucees que Mikkola, héro/que sur une Toyota Celica GT, aussi puissante que l'Escort mais beaucoup plus fatigante a conduire, avait tenté jusqu'au bout de contester. Mikkola était heureusement récompensé de cet acharnement: sa présence au deuxieme rang, empêchait les Ford d'accaparer les six premieres places.



1978: Ford Escort RS 1800, n° 4, SIN 830 R, Hannu Mikkola-Arne Hertz

Au charme provincial de York ou de Bath, l'organisation a préféré les turbulences d'une grande ville départ. Cœur, dit-on, de l'industrie automobile britannique, Birmingham a été promue. Cela dit, sitot quittés les gigantesques échangeurs, les cent soixante-huit partants pourront retrouver le grand air sur les 760 km de sprint qui coupent toujours le tres long et soporifique parcours de concentration. Chez Ford, on espere, bien sur, tout en regreUant que des greves aient contrarié la préparation des voitures. Heureusement, les concessionnaires vont jouer le jeu et aux six Escort officielles, s'ajoutera meme la RS 1800 a conduite a gauche, que Peter Clarke a confiée a jean-Pierre Nicolas. Ashcroft n'aura plus qu'a jouer les chefs d'orchestre, d'une formation 0 combien renforcee par l'arrivée de... Mikkola. Comme d'habitude, Saab avec la 99 Turbo, Lancia (Munari et aussi Alen), Fiat (Rohrl), Triumph, Opel, Vauxhall, toujours, fournissent, pour l'essentiel, la réplique. Les premieres épreuves se déroulant sur goudron, c'est sans surprise que Alen, relayant un Munari désabusé et talonné par Rohrl, s'est porté au commandement. Il est vrai que les deux épouvantails, Mikkola, Waldegaard, ont connu quelques ennuis (pompe a eau, freins etc.). A l'auaque de la foret de Kielder, Alen possédait bien 24" d'avance sur Mikkola mais, en cinq épreuves, la Lancia concédera 3'52" a la Ford du Finlandais. Des lors, tout paraÎt joué. Meme Waldegaard, devant l'inanité de ses efforts et surtout apres une violente sortie de route, paraÎt devoir se contenter de la médaille d'argent. Il l'obtiendra en devançant Russell Brookes, une fois encore, comme en 1977: premiers des Britanniques! Avec sa TR7, Pond, comme en 1975, est encore le premier des "non Ford", juste devant l'Opel Kadett de Kullang et la Fiat Abarth de Rohrl. j.-P. Nicolas s'est vaillamment classé onzieme mais la révélation du jour s'appelle Henri Toivonen. A 22 ans, le fils aÎné de Pauli a hissé sa modeste Sunbeam Groupe 2 a la neuvieme place au scratch!



1979: Ford Escort RS 1800, n° 1, WTW 569 S, Hannu Mikkola-Arne Hertz

On change franchement de décor. Avec ses rues, véritable décor pour théatre élizabethain, Chester, fetant son 1900e anniversaire, succede a Birmingham. Autre amélioration, sans rien perdre de sa cruauté, l'épreuve a été allégée. Les deux étapes ne dépassent pas les 2500 km. Restent tout de meme: 34 + 25 = 59 épreuves.. . ! Pour donner encore plus d'éclat a son titre mondial, une couronne due a Mikkola (Portugal, Nouvelle Zélande) et Waldegaard (Acropole, Québec), Ford voudrait bien confirmer a domicile. Sept RS sont engagées, ce qui devrait permeUre a Hannu et a Bjorn, toujours au boue a boue pour le titre mondial conducteurs, "d'y aller gaiement" et sans arriere-pensées. .. En face, parmi les cnet soixante¬quatorze partants, on retrouve la cohorte des rivales habituelles. C'est meme de l'étranger que va venir la premiere demi-surprise. Sur le macadam de Safari Park, jean-Luc Thérier et sa Toyota éclipsent le reste de la meute. Apres quoi et, une fois de plus, Marku Alen va tenter de démontrer que l'élegante Stratos est aussi la "bonne a tout faire". Il y réussira provisoirement, sans pour autant décrocher Mikkola. Des la onzieme épreuve, Hannu aUaque. Nul ne le reverra. .. Accablee, qui par ses freins (Alen), qui par son pont (Blomqvist) et meme par un cric défaillant (Waldegaard), l'opposition s'émieUe. Thérier, Clark, Airikkala vont disparaÎtre. Résultat concret: a mi-parcours, la Ford bleue de Mikkola possede 5'11" d'avance sur Vatanen, 9'15" sur Brookes, 16 et 17' sur Waldegaard et Alen. Quand Pond et sa Talbot se font piéger par une plaque de glace et que Vatanen prend 10' pour... avance a un controle, la messe est dite. L'ultime assaut viendra de Vatanen, le pénalisé, qui, échouant sur la Datsun 160 j Groupe 2 de Salonen (l'autre Timo), reussira a ravir la quatrieme place a la Stratos de Alen. Avec une troisieme médaille en trois ans, Mikkola a enfin vaincu les sorti/eges et Brookes a gagné un rang sur ses troisiemes places (77-78) habituelles. Roger Clark peut annoncer sa retraite, on reparlera des Escort (ces voitures Meccano, comme dit Nicolas) mais, cette fois, plus au RAC... Huit victoires consécutives dans la meme épreuve: le record est toujours debout!

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